Pagine

20/03/11

Campile - Messa d'i Morti

01. Subvenite sancti Dei 02. Requiem AEternam 03. Kyrie Eleïson 04. Dies Irae 05. Domine Jesu Christe 06. Sanctus 07. Miseremini mei 08. Agnus Dei 09. Lux AEterna 10. Libera me Domine 11. In paradisum 12. Benedictus

La messe était chantée à Campile en polyphonie et à trois voix jusqu’aux années 1950 par les chantres du village, dont il nous reste quelques noms : Pagani, Giovannoni, Pasqualini. Selon la tradition orale, cette messe aurait été composée par le père Saliceti avant dêtre apprise par les chantres.

Dans les années 1970-80, le dernier chantre vivant, Orsupaulu Giovannoni, se consacra par bonheur à un important travail de sauvegarde de ces chants, enregistrant les mélodies de seconda ainsi que les voix de bassu et de terza qu’il connaissait également par cœur, sur un magnétophone à bandes mis à disposition par un ami villageois, où il enregistrait les voix les unes par-dessus les autres. Cela dénote chez cette homme une oreille harmonique très affûtée ainsi qu’une mémoire auditive assez étonnante. 

Tenant à ce que sa propre messe de funérailles soit chantée avec le versu traditionnel de Campile, Giovannoni réalisa ainsi un enregistrement à trois voix, qui fut, à notre connaissance, diffusé pour cette occasion en février 1984, selon la volonté du défunt.

Depuis lors, tout ce patrimoine a pourtant sombré dans un oubli quasi-total, et demeure à ce jour pratiquement inédit, notamment à Campile même, où notre souhait serait que ce répertoire soit à nouveau connu, voire chanté, en tout cas enrichi par d’autres enquêtes et collectages.


Notes:

  • Les différentes versions nous ayant servi de base sont tantôt à une, deux ou trois voix. Nous avons donc éventuellement pu recréer les voix de bassu et terza sur certains passages où elles étaient absentes en nous inspirant naturellement des harmonies des autres chants, et en nous attachant à respecter autant que possible l’esprit d’interprétation originel.
  • Si les chants Subvenite et In paradisum, toujours à peu près semblables d’une région à l’autre, semblent dans notre interprétation plus hauts dans les aigus que les autres chants de la messe des défunts, bien que chantés sur la tonalité choisie (Sol), c’est bien par écriture propre et non par la tonalité qu’il en est ainsi. Nous avons pensé que ce fait devait être respecté en tant que volonté du compositeur anonyme, visant ainsi sans doute à mettre en valeur le message liturgique par le biais de la hauteur du chant.
  • Certains de ces chants sont également déposés auprès de la médiathèque Repertorium du Centru Culturale Voce.
  • Nous remercions Ghjuanfrancescu Luciani qui a pu collecter certains témoignages à Campile
  • Nous remercions M. Marküs Römer pour ses témoignages sur le personnage d’ Orsupaulu Giovannoni qu’il a bien connu.

10/03/11

Campile, Messa d'i Vivi

01. Introit, Mihi autem 02. Introit, De ventre matris meae 03. Kyrie Eleïson 04. Gloria in excelsis Deo 05. Offertorium, Mihi autem 06. Sanctus 07. Agnus Dei 08. Communio, Simon Ioannis


Bien que l’église paroissiale de Campile soit dédiée à Saint Pierre et Saint Paul Apôtres, la fête principale du village est célébrée en l’honneur de Saint Pierre le 1er août au lieu du 29 juin comme le prévoit le calendrier. L’église a été en effet dédiée à Saint Pierre avant de l’être également à Saint Paul, les deux saints étant, comme on le sait, pratiquement inséparables dans l’iconographie et la liturgie.  

Nous n’avons pas trouvé, en tant que tel,  le propre de cette messe chantée par Orsupaulu Giovannoni, mais elle semble emprunter, d’après nos observations, pour partie à la Messe votive de Saint Pierre Apôtre et/ou des deux Apôtres ensemble, ainsi qu’à la Vigile des Saints Apôtres Pierre et Paul. A moins que ce que Giovannoni appelait la «Messe des Apôtres» soit une cérémonie ayant aujourd’hui disparu de la liturgie.




Notes :
  • Après l’introït Mihi autem de cette messe à Saint Pierre Apôtre, nous avons ajouté l’introït de la Saint Jean-Baptiste De ventre matris meae, le 24 juin, sans doute recueilli à quelques années d’intervalle. Ces deux introïts nous interpellent : Ils diffèrent totalement par leurs mélodies, notamment pour le psaume et la doxologie Gloria Patri et Filio. Si celle du Mihi autem est conforme aux mélodies généralement connues ailleurs pour assurer cette fonction, celle employée pour le De ventre matris meae est celle du Magnificat sur le «ton royal», très usité en Corse comme ailleurs. Nous ne savons s’il existait un degré de solennité justifiant l’emploi de l’une ou de l’autre, ou si Giovannoni en choisissait une indifféremment, ou s’il existe une autre raison encore.
  • Voici les textes de l’Offertoire et de la Communion, dont les mélodies peuvent être utilisés en lieu et place tout le long de l’année liturgique, comme c’est souvent l’usage. 
  • Les différentes versions nous ayant servi de base pour l’enregistrement de tous ces chants sont tantôt à une, deux ou trois voix. Nous avons donc éventuellement pu recréer les voix de bassu et terza sur certains passages où elles étaient absentes en nous inspirant naturellement des autres chants, et en nous attachant à respecter autant que possible l’esprit et les sonorités harmoniques d’origine, en évitant au mieux la caricature.
  • Certains de ces chants sont également déposés auprès de la médiathèque Repertorium du Centru Culturale Voce.

05/03/11

Tagliu - Messa d'i Vivi, è altri canti

01. Kyrie Eleison 02. Gloria in excelsis Deo 03. Sanctus 04. Agnus Dei 05. O salutaris Hostia 06. Tantum ergo 07. Lode di u Sepolcru 08. Tantum ergo



L’équipe de chantres constituée ces dernières années à Tagliu et l’Isulaccia est composée de personnes originaires de ces villages. Ils ont naturellement entrepris de se réapproprier cette messe à trois voix et de la replacer dans son contexte liturgique, local et quotidien.


Notre souhait est d’apporter un éclairage différent sur les enregistrements connus de l’équipe Bernardini-Ciavaldini-Vesperini datant des années 1950 à 70, et de tenter, en les interprétant avec des voix d’aujourd’hui, de lever certaines difficultés rendant ardues leur apprentissage, difficultés liées à la mauvaise qualité sonore des fonds autant qu’aux timbres, instincts et placements de voix de ces anciens, souvent difficiles à reproduire aujourd’hui.

Scrupuleusement respectueux des systèmes harmoniques, nous avons cherché à rester au plus près de cette sonorité, en en évitant autant que possible la caricature, qui faisait la particularité de cette équipe de chantres et de ce versu di Tagliu, si renommé à l’époque, tant dans sa forme profane que sacrée.


Notes :
  • D’après Filippu de Mari (dettu Pippò, aujourd’hui décédé, qui était le fils du poète Don Petru de Mari, dettu Brandone, originaire de Tagliu), O Salutaris Hostia aurait été composé par Ghjuliu Bernardini.
  • E lode di u sepolcru, laudes de la Semaine Sainte, sont interprétées ici en partie seulement, soit les couplets habituellement chantés par les anciens, à ce qui semble. En voici le texte complet, qui serait un extrait de laudes bien plus longues, peut-être écrites par le père franciscain corse F. M. Paolini (ou par Dottor Lucovico di Loreto di Casinca, d’après le musicologue Markus Römer). Toujours d’après Pippò de Mari, elles auraient été composées par Rinaldu de Pietri, originaire de Morsiglia (plus probablement de Morosaglia, au XVIIIème siècle, d’après Markus Römer). C’est par le biais de mariages avec des familles de Tagliu (Romani) et d’a Petra di Verde (Pitti-Ferrandi) que ces laudes auraient été transmises et chantées dans ces villages à l’occasion du Jeudi Saint, et finalement auraient subsisté à Tagliu jusqu’à nos jours.    
  • Le second Tantum ergo serait une création plus récente de Ghjuliu Bernardini, d’après Alain un de ses fils, et est notamment chanté par i Muvrini. Nous avons choisi d’en donner une version personnelle un peu différente, qui la fond dans la couleur sonore étant celle de cette ancienne équipe Bernardini-Ciavaldini-Vesperini, et l’inclue ainsi au mieux parmi tous les autres chants présentés ici.


Nous précisons ne pas vouloir figer le chant à une sonorité, une époque, une équipe qui serait la référence unique et absolue. La mutation du chant d’un temps à l’autre, d’un interprète à l’autre, inhérente à la transmission orale, a sans doute toujours existé et n’est pas selon nous un problème en soi, tant que cette mutation s’effectue dans une imprégnation jamais interrompue. Dans le contexte de rupture qui est celui de notre époque, notre souci est simplement d’appréhender au plus juste un héritage, afin de le transmettre vers demain en en minimisant le plus possible la rupture.