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05/09/11

Moita - Litanie di a Madonna

01. Litanie per i Vivi 02. Altre litanie per i Vivi 03. Litanie per i Defunti
Voici les Litanie di a Madonna telles qu’elles se chantaient à Moita, village de la pieve di a Serra, par l’ancienne équipe des chantres du village, entre autres constituée de Carlu Folini, Martinu Valesi, Michele Filippi et Antone Alerini.

En 2008, Antone Folini, fils de Carlu, dernier chantre dépositaire pour le village de Moita et confrère de la Cunfraterna di u Santissimu Crucifissu di a pieve di a Serra, nous laisse l’interprétation intégrale et d’une valeur inestimable de ces trois versions des Litanies, malgré son âge et son mauvais état de santé qui, s’aggravant, l’emporta quelques années plus tard. Selon son témoignage :
  • Les deux premières versions étaient chantées pour les occasions festives (« per i Vivi », comme on a tendance à dire, par opposition à leur emploi lors des funérailles « per i Morti, per i Defunti »), notamment lors des processions à la Vierge ou aux différents saints patrons célébrés le long de l’année.
  • La première version était, selon Antone, chantée uniquement par les chantres.
  • La seconde, plus généralement connue, l’était par toutes et tous.
  • La troisième version est celle employée lors des funérailles, généralement lors de la procession funèbre accompagnant le défunt de l’église, une fois la messe dite, au cimetière.

Nous avons choisi d’interpréter ces trois versions dans leur intégralité, malgré leur longueur, dans un souci avant tout pédagogique. Une difficulté de notre répertoire sacré réside en effet dans l’adaptation d’une mélodie répétitive à un texte parfois long, latin, toscan ou corse, en prose ou en rime. Ceci empêche donc toute tentative de retenue par cœur mais demande plutôt de s’initier à une technique de psalmodie en polyphonie. C’est pourquoi il nous est paru important que le texte soit restitué dans son intégralité.


Notre travail s’adresse en priorité aux confrères de la Serra, acteurs régionaux, mais plus généralement à tous les chantres. Car nous sommes convaincus que ces mélodies des Litanies étaient autrefois largement connues et pratiquées en bien d’autres lieux en Corse, et ne sauraient constituer une spécificité jalouse de tel ou tel village.

Mais ce n’est pas la raison unique : Antone Folini n’a mesuré ni son temps, ni la fatigue que ses efforts lui ont causés pour nous transmettre en intégralité ces trois chants, en plus de tant d’autres constituant le répertoire sacré de son village. D’esprit plus jeune que les plus jeunes, il était comblé de bonheur par la confrérie revitalisée et plein d’espoir que tout ce patrimoine soit chanté par elle après lui, recréant ainsi un peu du lien humain qu’il avait connu et qui lui évoquait la Corse dont il était issu. La joie de nous faire bénéficier de tout son savoir se lisait sur son visage et était belle à voir. Nous ne l’oublierons jamais.

Pouvions-nous donc, pensant à lui et à sa si grande générosité, effectuer un travail à minima, reproduire quelques strophes de chaque chant, et les ponctuer d’un « dopu, hè sempre listessu ... » ? Pourrons nous encore et toujours être et agir « à l’économie » en jouissant d’une terre façonnée par le don de soi de ceux qui nous ont précédés ?

Notes :
  • Le texte de ces Litanies est, comme on le sait, le même, qu’il s’agisse d’une fête ou de funérailles, seuls varient le ou les destinataires de la prière invoquée à la Sainte Vierge (ora pro nobis, ora pro eo, ora pro ea).       
  • Cette structure en strophes (trois vers et un « ora pro nobis » pour chaque strophe, le quatrième vers en monodie) est remarquable de richesse. Nous savons qu’elle est employée similairement dans d’autres villages (Rusiu dans la piève de Vallerustie, par exemple), alors qu’en de nombreux autres lieux, même voisins, on connait ces Litanies sur un mode simplifié (« ora pro nobis » après chaque vers). On peut supposer que la forme plus élaborée renvoie à la première introduite ou créée, et qu’ensuite, comme cela est souvent le cas, la transmission dans l’espace et le temps s’accompagna d’une certaine simplification de la structure.
  • Pour les deux versions de fêtes, il est intéressant de noter une similitude, respectivement de la première version avec le chant O Salutaris Hostia communément admis pour être du village de Sermanu, et de la deuxième version avec ce même chant du village de Rusiu. On peut donc se poser la question de la poule et de l’œuf ... Partant de l’hypothèse probable où ces mélodies des Litanies étaient effectivement largement usitées en Corse, ceci nous laisse à penser que ce sont les Litanies qui ont pu donner lieu à des créations pour O Salutaris Hostia, sans doute grâce à cette liberté naturelle qu’avaient nos chantres érudits à créer et à nourrir la tradition, toujours en s’inscrivant dans un cadre mélodique et harmonique existant.
  • Par ailleurs, le lien semble clairement établi entre les Litanies et l’Agnus Dei de la messe des défunts du village de Moita (et toute la pieve di a Serra), identiques l’un et l’autre, ce qui semble nous indiquer que la version dans la messe des défunts viendrait des Litanies. Ces dernières se concluant par le texte Agnus Dei etc ..., il est en effet probable que la mélodie sur ces paroles se soit transmise au chant Agnus Dei de la messe des défunts.
  • Les entrées de voix (bassu et terza) au début du chant ne sont pas significatives. Comme c’est l’usage dans le chant traditionnel, elles s’effectuent souvent sans règle précise et lorsque les chantres « le sentent », la terza apparaissant en général après le départ du bassu

1 commento:

  1. Bellissimu è grandissimu travagliu. Chì richezza !!!!
    Induve lu si trova, só più chè sicuru chì Antone Folini averà u so core allegru videndu chì tutti i so sforzi di transmissione di stu patrimoniu ùn só stati vani.
    Bellu omagiu à Antone.

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