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23/06/17

Bastia - Lode à San Ghjuvanni Battista

01. O San Ghjuvan’Battista, versione corta 02. O San Ghjuvan’Battista, prima parte 03. O San Ghjuvan’Battista, seconda parte 04. Eviv’à Ghjuvanni, prima parte 05. Eviv’à Ghjuvanni, seconda parte
San Ghjuvanni Battista est le saint patron de la paroisse couvrant Terra vechja, quartier le plus ancien de Bastia. Sa célébration le 24 juin donne lieu à une grande procession à travers ses quais, placettes et ruelles, dans ce cœur historique regroupé autour de l’antique port de pêche, Portu Cardu qui se développa et rayonna pour donner naissance à la cité.

Les confréries de la paroisse s’unissent avec celles venues d’ailleurs pour donner le faste et le recueillement qui conviennent à cette grande célébration, ainsi qu’à celle d’u Fucarè, ayant lieu la veille, et où un grand feu de solstice est traditionnellement allumé au bout de la jetée située en contrebas de la citadelle.

Jean-Marie Prescelti, un temps curé de la paroisse, avait sans doute senti qu’à ces célébrations manquait un chant dédié au grand saint, invitant à la prière et pouvant être repris aisément par la foule des fidèles. Ainsi avait-il écrit un texte O San Ghjuvan’ Battista qu’il avait soumis à a cunfraterna San Carlu Borromeo, habituée à animer par ses chants les différentes célébrations de la paroisse, et l’invita à mettre le texte en musique par une mélodie et une harmonisation polyphonique.

Ecrit dans cet esprit à la fois naïf et attendrissant des laudes populaires dont la Corse est traditionnellement riche, nous n’avons que remanié ce texte en lui appliquant de nécessaires règles métriques et poétiques afin qu’il soit plus aisément chanté, mais en lui conservant les thèmes abordés par notre cher curé.

Puis dans le même élan, nous avons plus tard écrit Eviv’à Ghjuvanni, toujours avec la volonté d’ancrer des créations contemporaines en langue corse dans le fil d’une tradition multiséculaire de laudes, autrefois écrites en italien, qui ont forgé d’une manière si particulière la foi de notre peuple.



O San Ghjuvan’ Battista :

  • S’adressant directement au grand saint en tant protecteur de la cité bastiaise, le texte évoque d’abord la Visitation, où Marie enceinte de Jésus rend visite à sa cousine Elisabeth enceinte de Jean, qui tressaille de joie dans le sein de sa mère. Ainsi Elisabeth, remplie de l’Esprit Saint, s’exclame : « Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de tes entrailles ! Oui, bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! » En réponse Marie prononce le Magnificat, « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit a exulté en Dieu, mon Sauveur. Car il a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante. » 

    Puis Jean vient à naître, devant prendre le nom de Zacharie son père, lorsque sa mère prend la parole et dit : « Non, il sera appelé Jean ». Zacharie, muet, confirme alors en écrivant les mêmes mots sur une tablette. Au même instant sa bouche s’ouvre, sa langue se délie et il proclame le Cantique de Zacharie ou Benedictus, « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël. » 

    On évoque ensuite le rôle précurseur de Jean-Baptiste, et le baptême de Jésus, agneau de Dieu et sauveur, qui au sortir de l’eau voit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui, tandis qu’une voix venue des cieux dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me complais. » 

    Enfin on adresse une dernière louange au saint désormais situé auprès du Père et du Fils pour des temps infinis.
  • D’un point de vue métrique, le texte est construit en strophes de 4 vers de 7, 7, 7, 5 pieds, concaténées les unes aux autres par le système de rime ABBC puis CDDE puis EFFG, etc. , exactement comme les laudes Dio vi salvi Regina (et tant d’autres …)

  • Pour servir mélodiquement et polyphoniquement ce texte, nous avons réutilisé les très belles litanies de la Vierge connues à Moita. Elles s’appliquent merveilleusement bien à l’esprit et à la piété de ce chant.

Eviv’à Ghjuvanni :

  • Les thèmes abordés ici sont un peu plus larges, évoquant Jean-Baptiste précurseur du Christ, dans le désert criant et annonçant sa venue en disant « Préparez les chemins du Seigneur ». Il dit aussi « Je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales » et « Il faut qu’il grandisse et que je diminue ».

    Puis après que des foules immenses viennent pour être baptisées par lui, Jean voit Jésus lui-même venir à lui. Il dit alors à Jésus : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi ». Jésus lui répond : « Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste. » Après le baptême, l’Esprit de Dieu descend sur Jésus comme une colombe, tandis qu’une voix venue des cieux dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me complais. »

    Jésus dira plus tard « Parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en a point paru de plus grand que Jean-Baptiste. » On conclue par une louange au saint dans la Trinité.    
  • D’un point de vue métrique, le texte est articulé en strophes de 4 vers de 6 pieds, avec rimes du type ABBA, exactement comme les laudes Eviva Maria (et tant d’autres ...).
  • Pour la mise en musique, nous avons choisi de composer une ligne mélodique épurée et simple à retenir pour les couplets et une autre, plus haut perchée, pour le refrain, toujours dans l’esprit de nos laudes traditionnelles corses. De même le balancement est lent, adapté aux pas des processionnaires. Nous avons pour l’enregistrement intercalé le refrain après trois couplets, mais il peut en être bien sûr autrement, les conditions réelles de la cérémonie dictant souvent leurs propres lois …

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