« Couvent d’Orezza, 1773. Un jeune moine franciscain, Giuseppe Grimaldi di Rapaghju, compose une longue et belle Descrizione d’Orezza. »
Ainsi débute la quatrième de couverture de l’ouvrage « Description d’Orezza – Introduction, traduction et notes » d’Eugène F.-X. Gherardi, entièrement consacré à ce poème composé de pas moins de 272 strophes ou terzine rédigées en terza rima, cette forme magnifiée par Dante Alighieri quatre siècles auparavant à l’occasion de l’écriture de la Divina Commedia, c’est à dire de vers ondécasyllabiques regroupés par trois et dont la rime ABA, BCB, CDC, etc … concatène les strophes les unes aux autres.

Laissons continuer Eugène Gherardi, dont le travail de recherche pour nous permettre d’appréhender au plus près le contexte de cette œuvre est admirable :
« Ce qui frappe à la lecture de ce texte, inscrit dans une tradition ancienne et même antique, c’est une connaissance particulièrement fine d’une grande piève de la Castagniccia. Se réclamant de la muse Clio, fille de Mnémosyne, fra Giuseppe connaît tous les hameaux, tous les chemins et tous les sentiers, les cours d’eau, toutes les églises et toutes les chapelles, ruinées, romanes ou baroquisées pour la plupart au cours du XVIIIe siècle, toutes les montagnes aussi. »

Qui sait si cette version inscrira L’alma pieve d’Orezza dans la tradition orale corse pour les temps futurs et si, à voce rivolta, on louera la gloire de cette piève dans chacun de ces villages ?
Notes :
- Pour initier son poème, fra Giuseppe place la piève d’Orezza dans son environnement, la terra di Commune, avant de dénombrer ses huit pièves frontalières, Tavagna, Ampugnani, Rustinu, Vallerustie, Boziu et Alisgiani. Pour finir Serra et Muriani. L’auteur ne manque pas de grandiloquence pour qualifier sa glorieuse piève d’origine, synonyme d’or, qui, selon ses dires, paraît surpasser et assujettir ses voisines, empiétant même avec tyrannie sur leurs territoires !
La suite du poème traitant de choses plus internes, c’est sur ces six premières strophes que nous avons choisi de bâtir notre chant, trouvant ainsi à la fois une belle unité de thème et une durée correcte.
- Pour nous rapprocher le plus possible de cette identité orezzinca, nous avons cherché dans la mélodie à nous inspirer d’un versu de paghjella et madricale propre à cette région.
- Si le système polyphonique adopté est plutôt inspiré de Tagliu, c’est pour mieux exprimer notre sentiment que cette polyphonie fût et est encore pratiquement la même dans des microrégions si proches et si imbriquées depuis toujours d’un point de vue humain, économique, social et donc vocal.
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