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28/02/11

Tagliu - Introiti di a Messa

01. Matrimoniu : Deus Israël 02. San Petru è San Paulu, 29 ghjugnu : Nunc scio vere 03. Santa Maria Assunta, 15 aostu : Signum magnum 04. San Roccu, 16 aostu : Justus ut palma 05. Decullazione San Ghjuvanni Battista, 29 aostu : Loquebar 06. Santu Mamilianu, 15 settembre : Statuit ei 07. San Michele, 29 settembre : Benedicite


En l’absence de trace à Tagliu d’un versu d’introït de la Messe (sans doute non-chanté par les chantres), le besoin de recourir à la création s’est fait sentir par l’actuelle équipe de chantres de Tagliu et l’Isulaccia, qui souhaitent occuper l’espace liturgique d’une manière la plus complète possible dans les villages de leur pieve di Tavagna.


Les pratiques liturgiques étant dictées par les époques, il est certain que les besoins en puissent être assez différents, et face aux nécessités de s’adapter on ne doit pas adopter une posture figée et uniquement soucieuse du maintien des chants traditionnels.

Ainsi avons-nous composé un versu d'introït original, adaptable au texte liturgique (antienne, psaume, doxologie) quelque soit le jour de l’année. Pour répondre aux besoins des chantres, les introïts retenus ont été choisis parmi les fêtes principales des villages de la Tavagna  :




Notes :
La réalisation de ce versu d’introït s’est faite après observations des répertoires des villages et régions avoisinants dans lesquels il a subsisté.
  • Dans ces répertoires, le versu de la première partie de l’introït, ou antienne, est souvent très proche de celui du Kyrie Eleïson qui suit, puis du Gloria in excelsis Deo. Nous avons donc appliqué cette logique, nous inspirant du Kyrie et du Gloria de Tagliu, pour créer une première partie cohérente mais bien individualisée. 
  • Le versu de la seconde partie, ou psaume, et de la troisième partie, la doxologie Gloria Patri et Filio, sont toujours identiques, et souvent formés à partir d’un mode grégorien de psaume se retrouvant dans les Vêpres ou offices, et dont l’héritage dans toutes ces régions est toujours plus ou moins semblable. Ayant observé qu’un passage de la mélodie du Salutaris Hostia de Tagliu s’apparentait à ce versu de psaume, nous l’avons adapté afin qu’il assure cette fonction.

Pourquoi la création ?
Arque-boutés que nous sommes sur une tradition que nous pensons figée et que nous sacralisons, nous avons tendance à nous baser sur les « bribes sonores », finalement bien muettes, qui sont parvenues jusqu’à nos jours, sans les indications de leurs auteurs, contextes et motivations d’origine. Notre peur de la création est celle de dénaturer cette tradition.

Nous pensons pourtant qu’autrefois, la création à caractère liturgique par les chantres de nos villages était beaucoup plus naturelle et fréquente qu’on l’imagine. Par leur imprégnation profonde de cette culture chrétienne, latine, rurale et villageoise, nos anciens créaient, sans doute, sans ressentir ce souci du risque, et construisaient pierre après pierre ce qu’aujourd’hui nous appelons tradition.

Qu’en est-il aujourd’hui de cette imprégnation, après la grande rupture que nous avons vécu ? Quelle genre de création permet-elle ? C’est en réfléchissant à ces questions que nous avons tenté une création, considérant ce versu di Tagliu comme suffisamment fort en identité pour lui servir de base, et espérant ne pas le dénaturer, afin d’ajouter quelques pièces manquantes et nécessaires au rite de notre époque.

Marcel Pérès, ethnomusicologue, nous éclaire sur l’absence relativement fréquente du propre de la messe dans le répertoire sacré issu des confréries en Corse : 
« A la fin du XVIème siècle, alors que l’Eglise accomplissait un important effort de réorganisation, à la suite de la tourmente créée par le protestantisme, les confréries jouèrent un rôle important dans l’implication des laïcs dans la vie de l’Eglise. C’est principalement de cette époque et des deux siècles qui suivirent que date la mise en forme des confréries corses, dont certaines ont conservé jusqu’à aujourd’hui de véritables joyaux liturgiques. L’essentiel de leur répertoire comprenait : Le petit office de la Vierge qui, si nécessaire, pouvait être chanté à chaque réunion confraternelle, les offices des fêtes patronales, les offices de la Semaine Sainte, l’office des morts.
Chaque office comprenait les premières vêpres, les Vigiles, les laudes et les deuxièmes vêpres. Les offices et les messes des grandes fêtes, comme Noël, Pâques ou la Pentecôte faisaient, le dimanche, office de chantre pour la messe paroissiale. Ils chantaient alors l’ordinaire de la messe, c’est-à-dire les Kyrie, Gloria, Sanctus et Agnus Dei; tandis que les chants du propre, c’est-à-dire, l’Introït, le Graduel, l’Alleluia, l’Offertoire et la Communion étaient assurés par le clergé, car ces chants, qui changent tous les dimanches, demandent que l’on sache lire la musique.
C’est pourquoi beaucoup de confréries ont conservé la mémoire de ce qu’ils appellent une messe des vivants, qui étaient l’ordinaire de la messe des dimanches, pour distinguer de la messe des morts. Pour les chants du propre, les rares qui ont été conservés dans certains villages sont ceux de l’Introït de la messe d’un confesseur non pontifié ; Os Justi qui correspondaient aux fêtes patronales, Salve Sancta Parens, pour les messes votives de la Vierge et Deus Israël, pour la messe de mariage. »

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